"Hong Kong est une chose splendide", écrivait Victor Segalen en 1909. Aujourd'hui encore plus que jamais ! Son nom légendaire signifie "port aux parfums", "porte de l'encens" ou bien "côte parfumée", du nom de cet ancien rocher quasi inhabité par lequel des générations d'aventuriers anglais firent transiter des cargaisons entières d'opium avant de laisser la place à tous les businessmen et self-made-men de la planète, et aux amateurs de shopping et de contrefaçons... Un confetti colonial britannique devenu l'un des phares du capitalisme en Asie et revenu dans le giron chinois communiste en 1997 avec un statut particulier, de plus en plus soumis au pouvoir central (grèves violentes de 2019).
"Un pays, deux systèmes". Malgré la rétrocession, Hong Kong continue de cultiver une identité particulière. Derrière ses airs de City londonienne ou de petit New York de l'Asie, derrière le cliché d'une ville scintillant le soir du haut du Victoria Peak, et celui des néons sans fin de Nathan Road, c'est une ville chinoise où bat le cœur d'une population venue majoritairement de Canton (reliée par la rivière des Perles) et de Shangai.
Quel avenir au milieu de l'Empire ? Depuis la rétrocession qu a soulevé nombre d'interrogations, Hong Kong ne parvient pas tout à fait à cacher sa peur de l'avenir ni ses angoisses : autonomie et liberté vis-à-vis de Pékin et, bien sûr, le souci constant de préserver sa prospérité économique, sans oublier les problèmes d'urbanisatiion qui lui sont liés. Malgré tout, Hong Kong veut rester ce symbole de réussite en Asie : comment cultiver une prospérité et une identité à part, tout en s'intégrant dans la grande Chine.

L'histoire de la colonie commença en 1842 lorsque, après sa défaite dans la guerre de l'opium, entreprise pour défendre les intérêts des commerçants anglais, la Chine concéda à la Grande-Bretagne un rocher désert à l'embouchure de la Rivière des Perles (Zhu Jiang), au Sud de Canton (Guangzhou). En 1860, après d'autres combats, une péninsule faisant face à l'île rocheuse fut à son tour concédée aux Britanniques par la convention de Pékin. En 1898, une région beaucoup plus grande, à l'arrière de la péninsule, ainsi que de nombreuses îles éparses, furent louées pour un bail de 90 ans.

Le rocher est maintenant l'île de Hong Kong, une colline frangée de plages dorées et parsemée d'immeubles de luxe. La péninsule constitue aujourd'hui Kowloon qui est l'un des lieux les plus densément peuplés du monde. La partie la plus étendue (plus de 90 % de sa superficie) est connue sous le nom de "Nouveaux Territoires", ou au delà s'étend l'immensité de la Chine communiste.

Une combinaison gagnante
La Chine est vitale pour la prospérité de Hong Kong. A 2 % près, la population est entièrement chinoise, et une grande partie de la nourriture et des matières premières transformées à Hong Kong en produits destinés au monde entier vient de Chine. Hong Kong elle-même n'a pas de ressources ni en minéraux ni en combustibles. Même l'eau vient en partie de réservoirs situés en Chine.
Hong Kong n'a que 3 atouts : sa position, sur la route maritime vers le Pacifique, son magnifique havre naturel et sa population. La combinaison s'est révélée gagnante.
Hong Kong exporte plus d'électronique qu'aucun autre pays du monde, Etats-Unis et Japon compris. Elle fait plus de commerce international que des pays bien plus grands, dépassant le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud et la Chine. Et son économie a crû à un rythme supérieur à 10 % par an, avec un financement essentiellement assuré par un réinvestissement des profits. Ce taux de croissance dépasse celui des géants industriels mondiaux. Grâce à ce succès, Hong Kong est presque aussi importante pour la Chine que celle-ci l'est pour Hong Kong.
Ses réalisations économiques peuvent être la meilleure garantie de son avenir politique. En 1997, le bail de 90 ans pour les Nouveaux Territoires est arrivé à son terme, et avec lui s'est terminé la souveraineté britannique sur toute la colonie. Le 1er juin 1997, Hong Kong est revenu sous contrôle chinois. Mais, dans cet accord, la Chine a garanti le maintien de l'économie capitaliste libérale pendant cinquante ans : c'est là une reconnaissance politique de la force économique de Hong Kong. Certes, la Grande-Bretagne n'aurait pas le pouvoir d'intervenir si une nouvelle génération de dirigeants chinois décidait de changer les règles.
Mais les besoins de la Chine en devises peuvent très bien faire que les politiciens communistes ne voudront pas, jusqu'à une date éloignée du XXIème siècle, déranger une poule qui pond autant d'œufs d'or.


Les raisons de découvrir Hong Kong
Un Choc ! C'est ce qui vous attend en débarquant à Hong Kong, face à la forêt des gratte-ciel de Central, le quartier des affaires, qui s'élève sur les flancs du pic Victoria. Les perspectives et l'échelle européenne ne sont plus de mise à Hong Kong.
La ville est une métropole fascinante. A Central, certaines rues et avenues sont dédoublées par des passerelles : on passe d'une tour de bureaux à l'autre sans mettre le pied sur un trottoir. Des kilomètres d'escaliers roulants permettent ainsi de survoler la ville. La nuit, c'est encore mieux. Hong Kong brille de mille feux. Du sommet du Victoria Peak, la vue plongeante sur l'habit de lumière des gratte-ciel est époustouflante !
Ici, tout se vend et tout s'achète, Hong Kong revendique la plus grande densité de magasins au monde. La ville étant un port franc, les prix sont de 20 à 30% moins cher qu'en France ! Hong Kong est un véritable paradis pour le shopping. Les marchés traditionnels forment l'un des spectacles de rue les plus fascinants de Hong Kong. Les plus pittoresques se trouvent du côté de Kowloon, dans les quartiers de Yau Ma Tei et Mongkok.
Commerce des biens, brassage des hommes, mélanges de cultures... Hong Kong demeure une ville où Orient et Occident se rencontrent. Les vieux tramways à impériale, le ferry du Victoria Harbour, les rues aux noms anglais et la conduite à gauche nous rappellent que la ville continue à cultiver sa différence : ici, Sir, vous êtes à Hong Kong et non en Chine ! Du côté de l'Asie éternelle, signalons, au pied des buildings, les temples de Man Mo ou de Tin Hau. Autre survivance d'un mode de vie traditionnel : les jonques et les sampans d'Aberdeen, au sud de l'île de Hong Kong, sur lesquels vivent encore des pâcheurs.
Une ville étonnamment verte ! A une demi-heure de bus ou de ferry de Central, la nature reprend tous ses droits. Hong Kong dévoile son visage moins connu avec des plages désertes, des sentiers de randonnée à travers la forêt luxuriante et des temples nichés dans la montagne. Hong Kong possède 24 parcs naturels, couvrant 40% de la superficie de son territoire. On peut y croiser des singes, des tatous et de très nombreuses espèces d'oiseaux.
Avec plus de 12 000 restaurants officiellement recensés et plusieurs étoilés, Hong Kong est l'une des capitales gastronomiques de l'Asie. Autre option : les dai pai dong, des étals de rue. Vous vous régalerez des spécialités locales comme la tarte aux œufs (egg tart), les nouilles en soupe ou sautées, les wonton (ravioli), le congge (porridge de riz), ou ces divines bouchées à la vapeur que sont les dim sum. Un must !