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Discours
prononcé par M. Lambert Ouedraogo
Conseiller économique à l'ambassade du Burkina Faso
à Paris
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IL
ÉTAIT UNE FOIS UN PAYS
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"Il
était une fois un petit pays de l'Afrique subsaharienne situé
dans la boucle du Niger.
Pays sahélien et enclavé, il s'étend sur 274
000 km² et à la lourde préoccupation de nourrir
11 millions d'âmes. Irrigué par les hauts bassins
de la Volta, le colonisateur ne se cassa pas la tête : "tu
t'appelleras Haute Volta, tes habitants des voltaïques".
Et voilà qu'au matin de 1984, les habitants de ce petit pays
pauvre mais fier, se rendirent subitement compte que le mot voltaïque
n'avait pour eux aucune référence identitaire.
Il fallait trouver un nom qui ait une signification, quelque chose
qui traduise les valeurs incarnées par ce peuple depuis la
nuit des temps, un nom qui inspire respect à l'instar de
la capitale Ouagadougou qui veut dire : "respectez-nous".
De la soixantaine d'ethnies que comprend ce pays, émergent
3 grands groupes : les mossis, les dioulas et les peuhls.
La Haute Volta fit place au BURKINA FASO, "pays des
hommes intègres". Burkina qui signifie intégrité
en langue mooré, Faso qui signifie la patrie en langue dioula.
Donc, Burkina Faso : la patrie des hommes intègres.
Mais ce n'est pas tout, comment les habitants de ce pays devaient-ils
s'appeler ?
Il y eut beaucoup de déçus parmi les académiciens
du pays de Molière qui voulurent qu'ils sappellent Burkinabais
ou burkina fasiens.
La solution était pourtant à portée de main.
On trouva la particule "bè" qui signifie homme
en lange peuhl, 3ème ethnie, pour faire burkinabè.
Burkinabè, habitant du Burkina Faso. Bè, particule
invariable en genre et en nombre : un burkinabè, des burkinabè.
Un burkinabè, une burkinabè et non une burkinabaise.
Selon la classification onusienne des 187 pays qui la compose, le
Burkina Faso est le 3ème ou 4ème en commençant
par la fin.
Donc le pays des hommes intègres est fier mais pauvre (un
produit intérieur brut PIB/habitant < 300 dollars)
un SMIG < 45 euros.
90 % de la population active travaille dans l'agriculture qui contribue
pour 40 % du PIB. La prodution agricole utilisant peu d'engrais
et autres intrants modernes reste dépendante des aléas
climatiques :
2 500 000 t/an. Très mal répartie, la pluviométrie
est enregistrée 3 mois sur 12 dans le meilleur des cas.
La majorité de la population vit de la culture de la terre
dans le cadre de très petites exploitations familiales tournées
en priorité vers la production de céréales
(mil, sorgho, maïs, riz). Cette activité est pratiquée
dans des conditions agro-climatiques et pédologiques (géologiques)
difficiles avec un système traditionnel d'exploitation extensif.
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Alors
vous avez parlé de productivisme ?
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Là-bas,
on ne parle pas d'agriculteurs, on préfère parler
de cultivateurs au regard des moyens rudimentaires d'exploitation.
Là-bas on ne parle pas de malbouffe, on parle d'insuffisance
de bouffe, si ce n'est pas tout simplement d'absence de bouffe.
Là-bas, on considère à tort ou à raison
que l'obésité est une maladie, mais une maladie de
bien-être. D'ailleurs, non ne la connaît pas très
bien, on connaît plutôt le kouachorkor qui est enseigné
dans les lycées et collèges. Vous savez, cette obésité
des enfants malnutris.
Je vous invite à découvrir ce pays. Là, vous
rencontrerez des hommes et des femmes démunis mais munis
de sourire. Et s'il vous arrive d'assister sur un site touristique
ou dans la rue à des paroles incendiaires entre deux personnes,
renseignez-vous sur l'origine ethnique de ces deux personnes, il
se pourrait qu'il s'agisse de deux parents à plaisanterie.
Ah ! La parenté à plaisanterie, code informel qui
permet à deux ethnies de tout se dire, y compris les pires
injures, sans pour autant se fâcher...
C'est une trouvaille ancestrale qui est le ciment sociologique de
la soixantaine d'ethnies que comprend le Burkina Faso.
Et si vous entendez un Samo traiter un Mossi de mangeur
d'âmes ou de vaches folles, il ne faudrait pas vous étonner
de la réponse de celui-ci : "moi, au moins, j'ai de
quoi manger, même si c'est de la malbouffe".
Je vous remercie de votre patience.
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BATIK
: procédé de décoration consistant à
masquer certaines zones d'un tissu avec de la cire pour empêcher
leur imprégnation par la teinture. Tissu obtenu par ce procédé
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